Henria et Emile Reynier
Emile : Ici, il y a cinq siècles, c’était paraît-il la maison du notaire du château ! Paraît-il.
Henria : Personne ne pourra nous contredire !
Emile : Dans le temps, c’était beaucoup plus nature. Il n’y avait pas de route. On montait avec la charrette depuis la grange à côté de Theodèche jusqu’au four à pain, au Mas de Largaud – celui qui a fini de se démolir quand on a fait la route… Le chemin montait insensiblement.
Henria : C’était beaucoup plus bas que la route, ce chemin…
Emile : Largaud, ça a brûlé un 3 février, le jour de la Saint-Blaise, vers 1910. Il ne restait plus que la cave.
Henria : Et un séchoir à châtaignes : ta mère y mettait ses lapins.
Emile : La nature a changé… Ça a poussé depuis que la Jeanne est partie avec ses chèvres… A côté, il y avait aussi le Mas des Violettes.
Henria : Il y en avait beaucoup des violettes. C’était avant qu’il y ait les chevaux. On fauchait et ça entretenait…
La première fois que je suis venue à Fabras, je me souviens de la route qui montait…
Emile : Je ne me rappelle plus de Fabras la première fois que j’y suis venu…parce que j’y suis né. Ici, au Mas de Laval ! (Rires)
Henria : Fabras, j’ai dû avoir l’impression que c’était le bout du monde ! Et quand j’ai vu qu’il n’y avait plus de route, juste le pré, c’était encore mieux !
Emile : C’était au printemps.
Henria : Ça devait être en automne.
Emile : En 1956, puisqu’on s’est mariés en 1957, au printemps…. Il n’y avait pas tous ces frênes, sauf dans le ruisseau.
Henria : C’est plus des prés.
Emile : Ils y sont bien toujours…mais sous les arbres !
Henria : Emile sortait de son travail à la verrerie de Labégude à 5 heures du matin. A 5 heures 30, il était en train de faucher. Il redescendait à midi pour manger avec sa mère…
Emile : …Une sieste !…
Henria : …Puis il rentrait le fourrage ou travaillait le jardin… Ça faisait du travail !
Emile : C’était le bon temps ! On était jeunes et plein d’ardeurs. 50 kilos sur l’épaule !
Henria : 100 kilos de châtaignes depuis ici jusque chez Moulin ! Et monter là-haut ça tire un peu !
Emile : Maintenant, 10 kilos ça me suffirait.
Henria : Maintenant, il n’y a plus que des ronces.
Emile : Il n’y a plus que le débroussaillant, le débroussailleur et la débroussailleuse ! Il faudrait mettre des lamas ! Ça débroussaille, le lama !… Des lamas… Déjà qu’il y a les sangliers…qui ne débroussaillent pas ! Les sangliers, ils aiment les salades.
Henria : Ils aiment tout ! Ils aiment les noisettes…
Emile : …Et les vers ! Et les escargots ! C’est pour ça qu’ils démolissent les murs… Et les blaireaux donc ! Ils cherchent des cerises sèches.
Henria : C’est dur à tuer le blaireau… Rien que de la graisse. Il faut taper sur la tête !
Emile : C’est comme les renards… Il faudrait lâcher les poules pour savoir s’il y en a… En ce moment, ce sont les hirondelles. Elles ne font pas de dégâts.
Henria : Il ne reste que les hirondelles qui sont gentilles.
-> Revenir à la page Paroles de Fabrassous.